Loin de moi l’idée de remettre en question la sacro-sainte liberté d’expression. D’ailleurs, il y a quelque chose de jouissif dans les mots lorsque l’on accole sacro-sainte et liberté d’expression!
Même jouissif qui s’en mêle. Je viens de marier un langage religieux, à connotation sexuelle et libertaire heu non libertarien heu pas encore, Liberace ? m’enfin…. brandissant la liberté (voire l-i-b-r-e-) dans la même phrase…
Là où j’ai un malaise certain, pour ne pas dire profond c’est quand on me montre à répétition un flot d’images de décapitations, d’enfants tués, de policier agonisant tout en restant en surface du problème… Bien sûr, c’est de l’information! Mais attention, l’information quand elle n’est qu’images et de plus répétées, peut vite créer un raccourci de la raison, provoquer la peur, la haine, la déraison…. Il faut savoir, analyser, essayer de comprendre puis désamorcer ! Haïr gratuitement ne sert à RIEN.
Suite à la tragédie de Charlie Hebdo, j’étais en colère, triste, virée à l’envers, comme des millions de gens et je le suis toujours; je suis Charlie. C’est alors que mon ado m’a amené une nuance, comme ça au souper. Elle m’a dit « c’est horrible ce qui s’est passé, mais tu m’as appris quand j’étais petite que ma liberté finie où la tienne commence et c’est impardonnable ce qu’ils ont fait mais Est-ce qu’il ne faudrait pas faire un peu attention aussi à ce qui est si important pour eux… »
D’abord je me suis dit, wow, ce qu’on tente d’apprendre à nos enfants quand ils sont petits, faut croire que ça fait son chemin et que ça forge leur réflexion… Donc chaque mot est important!
Et là je me suis posée la question. On ne peut pas m’agresser en ridiculisant mon Dieu. Mais si je voyais à répétition des images de ma mère ou de ma fille ridiculisées, torturées ou autre, je serai démolie… Parce que la répétition ça fait mal. Qui n’a pas essayé un jour dans sa vie d’appuyer sur un bobo encore frais ? Et ben oui, ca fait mal…
Je n’ai pas de réponse et surtout, en aucun cas je ne souhaite remettre en question la liberté d’expression. Par contre, je voudrais que nous soyons tous plus prudents dans notre façon de décoder, recevoir, interpréter ce qui se passe. Au plus profond de cette crise mondiale, de ces violences, de ces souffrances, il y avait des gamins. Dans ce cas-ci qui ont grandi dans un pays occidental, dans des banlieues de misère à chercher un idéal…
Le flot de haine que je vois déferler sur la toile me trouble et m’effraie. Soyons scandalisés, choqués, attristés, OUI! Mais mettons-nous en mode solutions et pour le bien de nos enfants essayons de gratter un peu plus loin…. Qui souhaite vivre dans un bunker pour éviter les bombes ? Oui j’ai peur, tous les jours j’ai peur…. Mais je crois encore qu’un geste à la fois, on peut changer le monde. Le jour où je n’y croirai plus, je fermerai les yeux….
Je te rejoins complètement. je suis pour la liberté d’expression mais pour ma part, je n’ai pas été élevée avec la culture du blasphème. Si pour certaines personnes, des themes (qui leur appartiennent) sont très sensibles et que j’y donne un coup de pied, je manqué d’intelligence émotionnelle, de respect… et je prends de grands risques…
Bises
Je revendique le droit de blasphémer, même si je ne le pratique pas. En m’interdisant de le faire, toutes les religions, surtout celles qui sont autoritaires, nous imposent des limites au droit d’expression. D’ailleurs, elles ne se gênent pas, de sévir lorsqu’elles le peuvent.
D’ailleurs, il y a quelques semaines, un article du Devoir rapportait les grandes lignes d’une étude sur les premières pages que Charlie Hebdo a publiées depuis 2009 : http://fernancarriere.com/2015/03/09/deux-perspectives-sur-charlie-hebdo/. Est-ce que le pape a déjà encouragé les Catholiques à tuer pour venger les caricatures publiées dans Charlie Hebdo qui se moquaient du Catholicisme ?
En Arabie saoudite, aux Maldives, et ailleurs dans le monde, les apostats et les adultères (surtout des femmes) peuvent être condamnés à mort, souvent par lapidation, le blasphème est punissable à coups de fouet. Il faut manifester notre mépris pour ce genre de dogmes. S’en moquer est préférable à la répression, que cette répression s’exerce sous forme judiciaire ou physique. On ne peut rester indifférent envers l’intolérance.