
Mais où est-il cet azur des possibles ? Est-ce cet appel à voir que l’on appelle vieillir ?
Pourquoi cette impression de n’avoir que peu, voire plus de contrôle à changer de toutes petites choses… À ouvrir sur ce monde des petites fenêtres d’un bleu azur… Autour de moi tant de portes et si peu de fenêtres…
À 16 ans nous étions des mille et des cents à croire au possible. Main dans la main, certes très naïvement, mais avec l’espoir du condamné, nous pensions avoir en nos poches la clef de tous les possibles. Celle de l’équité, de la justice, d’un monde meilleur, de la beauté, de la nature, de l’immortalité…
Et voilà qu’autour de moi je cherche l’azur, comme d’autres cherchent leur carte de crédit. On crédite, on additionne, on hypothèque, même notre planète. V’la un refrain bien ficelé. On crédite, on additionne, on hypothèque même notre planète.
Dites-moi que ce n’est qu’une question de perception. Dites-moi que je vieillis, que mon azur tourne au gris, mais que l’espoir est toujours là porté par d’autres voix ? Dites-moi que c’est un blues automnal et que le bleu du printemps reviendra par chez moi… Dites-moi que l’humain n’est pas cet être recroquevillé sur lui-même qui ne se bat que pour ses propres droits ? Liberté !!! Liberté !!! Parlez-en au condamné politique de la liberté. Lui connait le prix de ce trésor trop souvent tenu pour acquis.
Dites-moi qu’au-delà de la petite politique il y a encore de vrais vecteurs de changements ? Que des « die-in » à bout de souffle peuvent faire naître une source!
Et puis en face de moi il y a toi. Du haut de tes 20 ans tu me remets en mouvement. Oui tu as le goût de changer le monde. Pleine de sens et de confiance, tu réfléchis, tu questionnes, tu réinventes, tu revendiques. C’est TON avenir que nous bousillons alors oui, CRIE ton indignation.
Tu me fais reprendre ma palette de couleurs en courant. J’ai pas le droit d’abdiquer, il y a toi. Dans mes nuances de gris je mets un peu de vert et beaucoup de soleil. Du bleu, du orange, un peu de rouge ? Et te voilà qui me lance un pot complet de rose. Pas celui délavé d’un bonbon trop sucé, le vrai, le pur, celui qu’on ne peut regarder trop longtemps si fort est son intensité… Celui-là même pas encore dilué… par le cynisme ou l’égoïsme.
Alors j’en remplis mes lunettes de ce rose sans paillettes.
Et je retrouve mon azur… l’espace d’un moment…
Ils sont des mille et des cents, comme toi, avec ce goût de changer le monde à la portée du cœur, pour un avenir meilleur. Et tu as bien raison, la planète n’est aucunement en danger, la planète elle va s’adapter. C’est l’humain qui est fragilisé dans ce monde aseptisé, dans ce monde décapité.
La semaine dernière des voix se sont élevées à coup de crayons de plomb ! Des voix se sont élevées… Nous n’avons pas le droit de faire la sourde oreille. Est-ce que la solution se trouve dans une proportionnelle, une révision de loi ou une refonte de nos institutions politiques ? Je ne sais pas. Mais une chose est certaine, de partout, des voix se sont élevées.
Écoutons-les… Afin que des fenêtres poussent enfin sur nos portes.