Certes, me direz-vous, les fleurs se fanent à quelques coins de notre jardin. Un peu trop d’insecticide par ici, brulure de soleil par là… Mais il y aurait moyen sans aucun doute de « rotoculter » quelque peu le terreau. Faire danser les espèces afin d’éviter qu’elles ne se fassent de l’ombre… Créer une vaste valse de roses et de pétunias.
Un bon jardinier, plein d’amour et de vision, saurait sans aucun doute dessiner un plan pour son nouveau jardin. En tenant compte des forces en présence, toutes aussi complémentaires qu’uniques afin d’en extraire le meilleur pour le bénéfice de toutes et tous…
Ces fleurs ainsi cajolées et encouragées à pousser encore plus et mieux qu’elles le font aujourd’hui ne seraient pas avares de leur beauté odorante. Et du rosier fragile et majestueux à la marguerite des champs, tous lèveraient fièrement le pétale vers le soleil afin de chasser la brume d’austérité…
Mais si ce jardinier se transforme en bucheron d’un autre temps ou barbier de guerre et qu’il fait des coupes à blanc… Ça et là, au hasard de quelques plants qui lui semblent plus touffus. Si ce barbier applique la coupe antiparasite soit, deux centimètres de la tête pour être bien certain qu’aucune bibitte ne puisse s’accrocher au terreau… Ah oui, il aura sans aucun doute éliminé une partie de son problème… Mais qu’adviendra-il de la beauté de ce jardin hétéroclite et fertile? Et surtout, où sera son espace de transformation et de développement lorsque la terre sera devenue sèche et que son jardin ressemblera à quelque désert du Nevada…
Comme une toute petite fleur dans un grand jardin qui est ma société, je frissonne ce matin de sentir et d’entendre ces vastes bras munis de scies à chaines qui semblent vouloir défricher notre décor sans s’appuyer sur la maquette du demain.