Tout comme toi, p’tite fille de bronze, je suis contemplative et muette ce matin, campée sur un dossier de pierre, sur un dossier imaginaire….
Te souviens-tu de ces dimanches ?
La table recouverte d’une nappe colorée, tous ces plats garnis d’odeurs et de couleurs. Le vin qui coule à flot … Et la voix de mon père… « Une chance qu’il y a des compensations »…
Et tu étais là… Ton mutisme criant, ancrée dans ton corps de bronze… La douceur de tes courbes, de ta peau de miel ambré… Ce matin je te choisis ! Puisqu’il faut faire des choix. Je te veux dans ma vie comme quelques autres souvenirs gardiens du temps, des temps… Comme si ton petit corps caressé de mes mains, m’offrait à cœur ouvert notre « … Je me souviens… »
Mes yeux se mouillent à force de regarder ces objets orphelins qu’aujourd’hui je fais miens.
Alors tout comme toi, je m’assieds sans détour à la cime d’une pierre…. Recroquevillée je plonge dans les yeux de ma mère, sur cette photo usée; et je deviens aussi cette petite fille de bronze…