livresCher monsieur Bolduc,

J’étais en vacances dans la magnifique région du bas Saint-Laurent – Gaspésie, dans un décor de mer et de soleil digne des plus belles descriptions romanesques, quand j’ai fait une petite pose de mes lectures de roman afin de chatouiller ma, oh combien délectable Presse +, et d’ainsi avoir quelques nouvelles du monde, de mon monde… J’ai pu alors lire une partie de votre déclaration sur l’achat de livres dans nos écoles et je suis allée fouiller quelque peu sur les médias sociaux afin de voir l’ensemble de l’œuvre…

Vous pouvez vous imaginer, monsieur Bolduc, que j’ai eu très envie de commenter à chaud votre déclaration, mais que je ne l’ai pas fait me disant que forcément, pour faire un calcul mathématique entre le nombre de pages disponibles (300 pages par livre pour 30 élèves) et le nombre d’enfants dans les classes il y avait assez de livres pour tout le monde….  Vous étiez forcément mal cité ! Du moins, je l’espérais…

Je me suis imaginée à ce moment, vous parler du nombre d’instruments utilisés lors d’une chirurgie, en faisant abstraction de l’historique de chaque opération, du savoir-faire du chirurgien qui la pratique, de la formidable énergie qui parfois permet des miracles de l’équipe médicale qui entoure le patient ! De la volonté de ce dernier de participer activement à son aventure afin d’en espérer une fin des plus heureuse…. Mais non, j’avais envie de réduire cet acte au nombre d’instruments utilisés ! Faire un calcul mathématique de l’acte chirurgical! Voyez-vous un lien?

Qu’ils contiennent 10 pages ou 300, les livres permettent de grandir monsieur Bolduc, et ce, à tout âge…. Que ce soit comme témoin de l’histoire, ouverture sur une partie du monde qu’on ne pourra jamais connaître, ou comme évasion, bataillon, aventures en tout genre laissant l’esprit délirer afin de mieux revenir, reposé, apaisé dans notre monde concret. Lire permet de développer son esprit, son jugement, son sens critique… D’être mieux préparé à intégrer un système scolaire, une société. Lire rend plus… tolérant…. permet de se connaitre, de se construire.

Et NON les enfants n’ont pas tous la même chance… Certains ne lisent pas parce que personne ne leur a jamais transmis cette piqure, ce goût de se dépasser, pas juste par le corps, mais aussi par l’esprit. Il suffit d’une première fois, d’un premier coup de foudre littéraire quel qu’il soit, pour allumer cette petite flamme qui accompagnera ensuite l’enfant toute sa vie. Mais en réduisant le choix de ces livres, vous réduisez aussi l’espoir que le coup de foudre se fasse, que l’enfant y découvre SA magie… C’est comme si vous réduisiez le nombre de solutions médicales possibles face à un tel syndrome ou une telle maladie !

Et les bibliothèques? Mais  monsieur Bolduc, tous n’ont pas accès à ces lieux sacrés. Les bibliothèques sont magnifiques et surtout celles de campagne, que les bénévoles tiennent à bout de bras! Mais les bibliothèques sont là pour celles et ceux qui ont déjà eu cette piqure et qui veulent aller plus loin. Le premier rendez-vous doit avoir lieu à l’école, surtout quand il est inexistant à la maison! Croire que les bibliothèques à elles seules peuvent remplir ce rôle de contagion de lecture, c’est comme vouloir envoyer nos patients se faire opérer ailleurs par faute de possibilité chez nous!

En terminant, monsieur Bolduc, je vous souhaite de tout cœur de prendre le temps de lire et de vous évader parfois de ce monde linéaire et obtus afin de redéfinir les frontières des possibles…