Je suis de votre chair, de votre sang.
La guerre a pris mes grand-parents. Sans les connaître, ils coulent dans mes veines et aujourd’hui je me souviens. 1940. Alsace. En plein milieu des combats.
Il avait l’âme à l’action et à la Résistance. L’explosion d’un train. Une fraction de millième de seconde, mon grand-père devenait un souvenir.
Ma mère avait à peine plus d’un an et son frère était toujours dans le ventre de sa propre maman. Il n’aura pas de père. Mon oncle Fernand est né « Ferdinand » car l’Allemagne à ce moment avait conquis la belle et rebelle tricolore. Imaginer l’époque me soulève l’indignation et monte en moi une vieille trace de colère et d’incompréhension. Mais Pourquoi ? J’ai comme un besoin ardent de sauver et défendre les miens…. Mais on ne refait pas l’Histoire…
Ma grand-mère a rejoint son amour quelques années plus tard. Fatiguée, malade, à bout de souffle et de cœur de cette guerre meurtrière qui lui a volé le plus profond de son âme. C’est donc orpheline que ma maman à moi a grandi. Tant bien que mal, entre les orphelinats et sa grand-maman. Burinée de douleur, de souvenirs et d’images. Même 40 ans plus tard le son d’un feux d’artifice réveillait en son œil, l’espace d’un souffle, une frayeur innommable.
Elle ne m’a que peu parlé de cette guerre, de cette enfance volée, des moments de douleur si vive et intense. Parce que les mots ne peuvent qu’arrêter de décrire une fois un certain degré d’horreur dépassé.
On ne peut comprendre le passé., On ne peut que l’accepter. Mais la victoire de la vie sur cette guerre maman, est qu’aujourd’hui, même si tu n’es plus là, tu as trois magnifiques petits-enfants, qui continueront à vivre avec le sang des sacrifices dans leurs veines, dans leur cœur. C’est la revanche et la victoire de la vie.
C’est mon armistice à moi…
Aujourd’hui je me souviens…